luc tartar
S'embrasent (2009)
S'embrasent, Roulez Jeunesse
mise à jour:

S'embrasentEditions Lansman, 2009, puis 2017.
S’embrasent a été écrit en résidence d’écriture à Clermont-Ferrand, Théâtre du Pélican, bourse du CNL.
Roulez jeunesse est une commande du Théâtre du Pélican.


S'embrasent

Jonathan embrasse Latifa dans la cour du lycée. C’est un coup de foudre qui bouleverse les témoins de la scène -les filles, les garçons, les profs, les parents, la voisine d’en face et même le directeur. Jonathan et Latifa ouvrent une brèche dans le quotidien et leurs cœurs s’embrasent jusqu’à les faire disparaître aux yeux du monde…
 
« Un Éveil du printemps d’aujourd’hui, dans une langue très musicale, pleine d’assonances et d’allitérations, une belle matière à jouer par des adolescents, notamment. » Aux Nouvelles Ecritures Théâtrales.

 

Note de lecture de Marie Bernanoce, professeur de lettres modernes, Maître de Conférences à l'Université Stendhal (Grenoble 3)
Extrait remanié du Répertoire critique du théâtre contemporain pour la jeunesse, tome 2, ouvrage paru aux Editions Théâtrales en 2012.

AMOUR - ADOLESCENCE  – SEXUALITE – RELATION ADULTES/ADOLESCENTS

S’embrasent met le monologue au creux de sa dramaturgie, alors que le monologue est une forme peu présente au sein du théâtre contemporain pour les jeunes, ce que certains auteurs regrettent. Sans doute excessive, la vogue du monologue qui a saisi le théâtre dans la seconde moitié du XXème siècle n'est pas nécessairement un modèle pour le théâtre jeunesse. Mais la question a toutes les apparences de la fausse question si la théâtralité repose sur un possible partage des voix des plus vivants, appelant les corps, les voix et les outils de la scène, ce qui est le cas ici.
Dans S'embrasent, Luc Tartar use du monologue d’une façon extrêmement originale, dans le cadre d’une esthétique musicale partagée certes avec beaucoup d’autres auteurs de théâtre jeunesse et de théâtre généraliste mais qui emprunte ici des sentiers à mes yeux tout à fait novateurs, au travers d’une construction dramaturgique que l’on pourrait dire «brûlante», comme l'est un feu auquel on se réchauffe, et que travaille la référence au cinéma.
Au centre de la pièce, une scène de baiser entre deux jeunes, Latifa et Jonathan, ce Jonathan qui semble attirer et fasciner tout le monde. Le baiser se joue dans la cour de leur lycée, sous les yeux de tous, y compris ceux du proviseur uniquement soucieux de son règlement mais cependant fasciné, et il se joue aussi, en forme de  contrepoint, sous les yeux de la vieille dame de 80 ans qui met des préservatifs dans une assiette, sur sa fenêtre… Cette scène du baiser fonctionne alors comme une sorte de leitmotiv, un point non pas obscur mais lumineux qui irradie la totalité de la parole proférée. C’est un centre de regard, une prunelle toujours ouverte dans laquelle le regard des autres trouve en quelque sorte sa propre prunelle, et l’on s’y brûle dans une partition éclatée et néanmoins tenue.
Les différentes paroles ne sont pas originées, nous ne savons pas toujours clairement qui les prononce. Il faudra que le lecteur et le metteur en scène se laissent porter par les différents airs qui se croisent, se doublent ou se dédoublent. Le monologue ne l’est pas toujours, il interfère aussi par endroits avec des dialogues à reconstruire, et des phrases reviennent comme des refrains qui caractérisent des personnages. De là naît l’impression d’éclatement, qui peut surprendre le lecteur non averti. Il semble alors évident que cette écriture devra se faire entendre, résonner dans l’espace d’une classe ou d’un atelier de pratique théâtrale. On y sentira alors comment des sortes de reptations (c’est une des caractéristiques de la pièce paysage selon Michel Vinaver) où s’incarnent puis se désincarnent les personnages au travers de ces paroles à la première ou troisième personne qui expriment toujours un je. Mais cette partition est également très tenue, en quelque sorte resserrée, car elle s’inscrit dans l’espace selon une construction géométrique revenant sans cesse au couple du baiser. Nous sommes ainsi, à la fin de la pièce, dans un tableau à la Chagall qui pourrait nourrir un riche travail de plateau :

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