Texte écrit en résidence d’écriture à la Chartreuse de Villeneuve-lez-Avignon, automne 1995
Résidence de compagnonnage, parrainage de Michel Azama.
Terre d'asile
Licenciés économiques (!), Monsieur le sous-préfet et son épouse se retrouvent sur les quais de Seine, à Paris, en compagnie d'une vieille zaïroise et d'un travesti brésilien…
La presse :
C’est déglingué et dérangeant juste assez pour faire frissonner de la bêtise et de la méchanceté humaine, c’est surtout très drôle, même si, comme le dit Luc Tartar, je ris pour ne pas pleurer.
La Provence, Danièle Carraz.
Note de lecture & dramaturgie :
(Lettre de Diane Pavlovic à Luc Tartar, 28 janvier 2001.)
Tu as un humour slave, au fond, Luc. Un peu Ionesco, un peu Kantor, et même un peu Kafka: tu regardes boiter en rigolant les situations improbables que tu mets en place, lesquelles situations sont en même temps à hurler de rire et absolument pas drôles. Mais il y a aussi, partout dans tes textes, un côté "chicanes de concierges" qui est, pour moi étrangère, très français: en écoutant le rythme à l’emporte-pièce de la majorité de tes répliques, en constatant le sens de la repartie féroce de la plupart de tes personnages, j’entends Arletty déchaînée demander à Louis Jouvet si elle a une gueule d’atmosphère… On trouve chez toi des phrases qui ne s’imaginent pas écrites ailleurs qu’en France, que tu malmènes par ailleurs beaucoup dans le triptyque que voici. […] Terre d’asile est une sorte de boulevard halluciné et désopilant.
Diane Pavlovic, directrice du programme d’Ecriture dramatique de l’Ecole nationale de théâtre du Canada à Montréal.
Un extrait :
Roger : Monsieur le sous-préfet !
Anabella : Georges !
Roger : Monsieur le sous-préfet !
Anabella : Georges réveille-toi !
Georges : Hum ?
Anabella : On frappe !
Georges : Quoi ?
Anabella : On frappe je te dis. C'est Roger.
Georges : Roger ?
Roger : Monsieur le sous-préfet !
Georges : Oui j'arrive !
Anabella : Dépêche-toi !
Georges : Oui j'y vais ! Que se passe-t-il ?
Roger : Monsieur le sous-préfet : Paris au téléphone !
Georges : Paris ?
Anabella : Ben vas-y quoi ! C'est peut-être l'intérieur.
Georges : La barbe !
Annabella : Tu vas te lever oui ?
Roger : Monsieur le sous-préfet vite !
Georges : Eh bien entrez Roger !
Roger : Monsieur le sous-préfet c'est terrible !
Georges : Qu'y a-t-il ?
Roger : L'Elysée...
Georges : Nom de Dieu ! Où ?
Roger : Là ! Dans la cabine.
Georges : La cabine ?
Anabella : Georges le Président !