J’ai le sentiment que Luc Tartar écrit comme on respire, instinctivement, naturellement. Les mots coulent sur le papier et glissent sous nos yeux, un flot qui emporte tout. Et soudain, stop : la cassure, le point. Cette ponctuation, économe et précise, parle par elle-même. Le flot, et déjà nous comprenons que les choses sont irréversibles, que tout se déroulera inéluctablement, jusqu’au bout avec, s’agrippant à nos basques, l’unique et vitale question à double résonance : que va t’on manger et par qui va t’on être mangé ? Rythme effréné, arrêt inattendu, accélération à nouveau, une machine qui s’emballe et que nous ne maîtrisons plus, et puis rupture encore, et ainsi de suite jusqu’à la suspension finale.
Nicole Aubry