luc tartar
Nathan Nathan (2015)
mise à jour:

Editions Espaces 34 (in Il était une deuxième fois)

Nathan Nathan est une commande de la compagnie Théâtre pour 2 mains.

 

Nathan est un petit garçon qui répète tout ce qu’on dit. La vie à la maison est devenue difficile. Un soir, excédé, son papa l’enferme avec ses peluches dans les toilettes. Nathan y rencontre un étrange marionnettiste qui va l’aider à grandir et à trouver ses propres mots...


Un extrait

Une chambre, le soir. Un lit, un rai de lumière dans la chambre. Papa, Nathan.

Papa : Il était une fois…

Nathan : Il était une fois…

Papa : Il était une fois un garçon qui tombait plus vite que son ombre.

Nathan : Il était une fois un garçon qui tombait plus vite que son ombre.

Papa : Arrête Nathan.

Nathan : Arrête Nathan.

Papa : Ça ne va pas recommencer.

Nathan : Ça ne va pas recommencer.

Papa : Bon. Pas d’histoire puisque c’est comme ça. J’éteins la lumière. Bonne nuit. Et ce n’est pas la peine de nous appeler.

Noir. Temps. Tout seul dans le noir.

Nathan : Bon. Pas d’histoire puisque c’est comme ça. J’éteins la lumière. Bonne nuit. Et ce n’est pas la peine de nous appeler.
Un lapin, un crabe, montent sur le lit de Nathan.
Le lapin et le crabe : Ça a commencé comme ça. Ça a commencé comme ça. Je répète tout ce qui se dit. Je répète tout ce qui se dit. Je ne peux pas m’en empêcher. Je ne peux pas m’en empêcher. Je suis le garçon qui répète plus vite que son ombre je suis une calamité un empêcheur de discuter en rond avec moi on ne peut pas en placer une je ferme la porte à toute vie.
Claquement de porte dans la maison.
Nathan : Ça a commencé comme ça. Je répète tout ce qui se dit. Je ne peux pas m’en empêcher. Je suis le garçon qui répète plus vite que son ombre je
Le lapin et le crabe : ta ta ta ta ta ta ta ta ta ta ta ta j’t’arrête tout de suite on va gagner du temps. Je suis le lapin voici le crabe nous sommes des peluches des sacs à puces des doudous que tu ne regardes même plus des démodés des amochés remisés avec les vieux jouets en haut de l’armoire rien à dire c’est sûr on est dépassés on ne sait rien faire même pas parler du coup puisqu’on ne parle pas tu n’as pas à répéter ce qu’on dit ça tombe bien et maintenant puisque tu ne nous entends pas écoute bien : tes répétitions à tire larigot y’en a marre plus personne ne supporte ça et surtout tes parents toi-même tu te fatigues tout ça n’est pas très drôle ta vie ne ressemble à rien faut-il te rappeler ce qui se passe dans la cour de récréation ?
Garçon/Fille : C’est toi le garçon qui cause double ?

Nathan : C’est toi le garçon qui cause double ?

Garçon/Fille : Comment tu t’appelles ?

Nathan : Comment tu t’appelles ?

Garçon/Fille : Il sait pas parler. Il a pas les mots.

Nathan : Il sait pas parler. Il a pas les mots.

Garçon/Fille :Tu veux jouer à ça ? On va se marrer. Je suis un imbécile.

Nathan : Je suis un imbécile.

Garçon/Fille : Je suis un imbébécile qui babafouille un baba qui bredouille qui bébégaye je sais pas aligner deux phrases tout seul je sais rien faire tout seul bon à rien rien à faire je répète bébêtement et bientôt je vais pleurer plus vite que mon ombre.
La porte s’ouvre. Rai de lumière. Maman, Papa.

Maman/Papa : Nathan ? C’est quoi ce bruit ? Qu’est-ce que tu fais encore ?


+ La mise en scène de Pascal Vergnault et Guillaume Gatteau